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Ampélosophisme

Marx est bien mort.

12 Avril 2018 , Rédigé par Dominikos

"PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS,

COMBATTEZ-VOUS !" 

 

Marx est bien mort.

"Puissent les classes dirigeantes trembler à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner." 

"PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !"

Ainsi se termine le "Manifeste du Parti communiste" publié par Karl Marx en 1847. 

Le grand mouvement social actuel qui se développe en France dominé sans doute par la grève des cheminots, m'interroge. Pour tenter d'aborder sereinement et avec un peu de distance ma réflexion, je me suis mis à faire (laborieusement) le dessin ci-dessus. Le fait de dessiner me permet de prendre du temps pour réfléchir calmement.

Qu'en ressort-il ? 

D'un côté, des gens qui ne vivent que des revenus apportés par leur salaire, qui vendent leur force de travail, leurs capacités professionnelles à un employeur (c'est donc la définition du mot "prolétaire"); ce sont les "cheminots" employés de la SNCF, qui par la grève entendent sauvegarder leur emploi et en même temps la pérennité du service public face aux menaces de l'ouverture à la concurrence. 

De l'autre, des gens qui ne vivent que des revenus apportés par leur salaire ... (nous avons déjà vu cette définition quelque part ?) qui prennent quotidiennement le train pour aller au bureau, au magasin, à l'usine ... bref sur leur lieu de travail. 

Bien sûr on me fera remarquer que parmi les passagers des trains SNCF il y a aussi des travailleurs qui peuvent se déplacer en voiture, ou s'absenter du bureau pour effectuer du télétravail,  mais c'est surtout sur le travailleur modeste que s'arrête mon attention. Et ce sont eux les plus affectés, donc ces prolétaires de base qui souvent maudissent les "cheminots irresponsables qui les empêchent d'aller travailler !".

Des deux côtés des monstres s'éveillent, symboles de l'irrationnel qui s'installe en période de conflit ! (J'espère que vous avez apprécié les très beaux dessins de monstres, sinon ce n'est pas la peine que je m'échine à tenter d'atteindre les sommets de l'art graphique !) 

Alors ? 

Alors. Qui faut-il appeler à l'aide pour démêler ce sac de nœuds ?

Marx ? 

Marx est bien mort.
Marx est bien mort.
Marx est bien mort.

Pour Marx, ce qui cause au cours de l'histoire la défaite des prolétaires c'est leur manque d'organisation.

Marx est bien mort.

Sur quoi débouche mon interrogation ? 

Ben ... à vrai dire sur pas grand chose. (Ne faites pas la gueule, je vous fais quand même de chouettes dessins avec des couleurs à faire crever un caméléon... et ce n'est pas fini !)

Si j'étais cheminot, je pense que je serais gréviste. 

Si j'étais un prolétaire, usager quotidien des lignes de banlieue de la SNCF, je serais en colère contre les cheminots. 

Donc en fin de compte, je me demande s'il n'y aurait pas un autre moyen pour les salariés, de faire aboutir leurs revendications que de faire des grèves qui gênent en priorité des gens de la même catégorie sociale qu'eux ? J'emploie l'expression "catégorie sociale" et non "classe sociale" car comme vous l'avez compris pour que des individus forment une "classe sociale" il faut non seulement qu'ils aient globalement les mêmes conditions de vie, mais également qu'ils aient conscience (1) qu'ils appartiennent à la même "classe" et que leurs intérêts sont les mêmes. 

Et sur ce plan là, il faut bien reconnaître que les "classes sociales favorisées" (le terme "bourgeoisie" me semble un peu trop connoté XIXè siècle) ont visiblement une capacité supérieure à prendre conscience de leurs intérêts communs. 

D'autre part, il ne me semble pas que les gens qui sont la cause profonde des mutations sociales qui atteignent les travailleurs,  soient les plus touchés par les mouvements de grève... mais je peux me tromper ... (réflexion faite avec toute la prudence d'un disciple de Pyrrhon d'Elis)

 

Marx est bien mort.

Quelques repères historiques.

2 et 17 mars 1791. Décret d'Allarde interdit les grèves, la constitution des syndicats, les mutuelles. 

14 juin 1791. Loi Le Chapelier. Interdiction des organisations ouvrières, corporations des métiers, rassemblements des paysans et ouvriers et le compagnonnage. 

24 mai 1864. Loi Olivier. Abolition du délit de coalition et instauration du droit de grève. 

21 mars 1884. Loi Waldeck-Rousseau. Autorisation de la constitution de syndicats. 

Les lois de la fin du second Empire (Loi Olivier) et de la IIIè République (Loi Waldeck-Rousseau) ont indiscutablement permis un progrès social gagné de haute lutte par les prolétaires !  Je me prends juste à rêver de l'invention de nouvelles pratiques qui pourraient participer à l'amélioration des conditions de vie et de travail des salariés tout en évitant de les monter les uns contre les autres. 

Je rêve ? Je suis un utopiste ? 

"L'utopie n'est pas l'irréalisable, mais l'irréalisé." 

Théodore Monod (1902 - 2000) 

(1) La conscience de classe est un concept provenant de la théorie marxiste qui se rapporte à la possibilité pour une classe sociale, de se rendre compte par elle même de sa position sociale, et de sa capacité à agir pour promouvoir ses intérêts. 

 

Correspondance : aristogenes@aliceadsl.fr

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