Se repérer dans le brouillard
Hommage à Carlo M. Cipolla.
Que sais-je ? A part que tout ce qui est vivant est mortel, je ne crois pas savoir grand chose et j'ai même souvent l'impression que plus le temps passe plus je m'aperçois que je suis dans le brouillard. Mais je fais comme le pingouin, j'essaye de me repérer ... tant bien que mal.
Et la semaine dernière je découvre Carlo Cipolla.
Enfin, je le découvre un peu tard car il est mort en 2000. Mais Montaigne est mort en 1592 et ça ne nous empêche pas de le fréquenter encore.
Alors voici l'objet de mon ravissement:
En 60 pages, Carlo Cipolla historien de l'économie, ancien professeur à l'Université de Berkeley et à l'Ecole normale supérieure de Pise nous offre sous la forme d'une caricature d'ouvrage scientifique un petit texte pétillant d'intelligence et d'humour. (ça fait du bien)
Vous ne pensez tout de même pas que je vais vous résumer un livre de 60 pages ? Courez vite l'acheter à la librairie la plus proche.
Juste quelques réflexions inspirées par cette lecture.
Le rire est-il le propre de l'homme ?
Pour Aristote, "L'homme est le seul animal qui ait la faculté de rire." et Rabelais reprend l'idée avec son fameux:
"Mieulx est de ris que de larmes escripre,
Pour ce que rire est le propre de l'homme"
Avec le décodeur, ça fait:
" Mieux vaut écrire sur le rire que sur les larmes,
parce que [le] rire est le propre de l'homme"
Pour Carlo Cipolla, c'est la connerie qui serait plutôt le propre de l'homme.
Avez vous déjà rencontré un ver de terre, un pingouin ou un phoque stupide ?
Cependant je veux bien reconnaître que certains comportements animaux sont déconcertants.
La répartition des êtres stupides.
Pour Carlo Cippola, la proportion de personnes stupides est absolument indépendante de l'âge, du sexe, de la position sociale, du niveau d'études, de la couleur de la peau ...etc... Ce qui veut dire que la proportion de cons (= de gens stupides à ne pas confondre avec les crétins - lisez le livre vous comprendrez la distinction entre les deux catégories -) est la même chez les footballeurs et chez les prix Nobel !
De cette découverte, Cippola déduit que le pourcentage d'êtres stupides est donc aussi le même chez les hommes et femmes politiques, (constatation qui a été faite par beaucoup de citoyens, avant même d'avoir lu Cipolla) et que dans les Etats démocratiques cela s'explique facilement du fait que ce pourcentage est bien entendu le même dans la catégorie des électeurs !
Mais enfin ces "Lois fondamentales de la stupidité humaine" ne sont peut-être en fin de compte que le résultat de l'interprétation de données analysées avec humour par Carlo Cipolla ?
Alors concluons avec une réflexion d'un autre grand penseur italien contemporain qui dit:
"Le monde n'est que l'ensemble des interprétations subjectives que chacun d'entre nous donne d'un fait, d'une chose, d'une situation, d'un personnage".
Eugenio Scalfari (né en 1924) Ecrivain et journaliste Italien.
Correspondance: aristogenes@aliceadsl.fr